Tes rêves, les miens, les nôtre

"C'est quand que tu vas t'arrêter ?"

- Non, sérieusement, je te pose la question. C’est quand que tu vas t’arrêter ? T’arrêter de tout prendre sur toi ? De te faire encore plus de mal que ce qu’on te fait déjà ?
- J’en sais rien… je ne sais même pas comment tout ça a commencé.
- T’es pas un monstre. Et pourtant, t’arrêtes pas de te le répéter.
- Parce qu’à chaque jour qui passe, il y a toujours quelque chose qui vient confirmer cette pensée.
- Mais c’est faux.
- Qu’est-ce que t’en sais ? Pourquoi ce serait faux ?
- Tu ne voulais faire aucun mal à M. Et je le sais. En plus, t’as rien fait d’affreux, t’es même pas allée jusqu’au bout.
- Mais je voulais le faire. C’est toujours pareil… j’ai pas envie de faire souffrir les gens et je finis par les faire souffrir quand même. Je les déçois. Je finis toujours par décevoir les autres. Alors, parfois, je me dis que si je fais pire, qu’au lieu d’essayer de retarder l’inévitable je le provoque, j’en serai débarrasser plus vite, de la douleur.
- De la douleur que tu ressens lorsqu’ils te regardent et qu’ils sont déçus. Tu vas les laisser encore longtemps te juger ? Tu avais promis. Tu avais dit que les autres ne t’empêcheraient plus d’essayer de vivre.
- Encore une promesse que je n’aurai pas la force de tenir, alors.
- Peut-être que tu devrais leur dire, à ta famille. Balancer la vérité, crier à quel point tu les déteste, crier pour te libérer et arrêter d’étouffer seule.
- Bien sûr, quelle merveilleuse idée ! J’imagine parfaitement la scène. Repas de famille, les grands-parents qui débarquent à la maison, ma mère qui essaye de jouer les hôtesses modèles, et moi qui d’un coup gueule que je fais une dépression. Ce sera du plus bel effet, j’en suis certaine.
- Fais comme tu sens. Mais je pense que tu devrais le faire. Qui sait ? Ça pourrait changer les choses.
- On est pas dans un foutu conte de fée. Rien ne va changer. Ça risque seulement de transformer ma vie en un enfer encore plus affreux que celui dans lequel je suis plongée actuellement.
- Je crois que c’est pour ça, ton rêve d’abandon, comme tu dis. Tu as besoin de t’abandonner toi-même.