Le point de non-retour
- Alors, cette fois, c’est pour de vrai… on rigole plus, c’est sûr. On va tout laisser tomber, on va juste… faire notre vie ailleurs ?
- Exactement.
- Et tu crois que ça va marcher ? Qu’on aura plus cette envie de mourir qui nous possède et qui revient tous les jours ?
- Je sais pas. Je m’en fous. Je veux juste arrêter de souffrir pour de mauvaises raisons. Je veux dire, on a pas à prendre tout le temps pour les autres, à être leur béquille. Ils ont qu’à se démerder seuls, pour une fois.
- Entièrement d’accord avec toi. Mais… tu as conscience que cette fois, il n’y aura pas de retour en arrière possible ?
- Je sais. Et je vais faire comme à chaque fois. Je vais assumer, je vais supporter ça toute seule, la tête haute, comme si je n’allais pas m’effondrer à chaque pas, que j’étais capable d’être sûre de moi. Parce qu’au final, j’avais raison, tu sais. Je ne peux pas compter sur ma famille.
- Parfois, je me dis que tout n’est peut-être pas perdu. Je sais que tu penses qu’il n’y a plus aucun espoir, mais pourtant, tu rêves encore aux rencontres hasardeuses, au destin, à la présence d’un inconnu avec lequel tu te sens bien même si justement tu ne le connais pas… ou peut-être justement parce que tu ne le connais pas et qu’il ne te connaît pas non plus. Tu n’es pas encore morte. Tu as juste besoin de soutient.
- Sauf que je n’en ai pas. Je ne peux compter que sur moi-même.
- Et c’est ta force. Ne perds jamais ça de vue. Une étape importante de notre vie est sur le point d’arriver, un cap va être franchi. Et on ne fera pas marche arrière. Pas uniquement parce qu’on ne pourra pas, mais parce qu’on ne le voudra pas.
- C’est vrai, je n’ai aucune envie de revenir à ces années ennuyeuses, je veux vivre à fond. Pour m’empêcher de vouloir mourir, il me faut bien ça. Le fait que je ne puisse pas revenir en arrière, c’est une bonne chose.
- Alors on fonce ?
- Alors on fonce.