Tes rêves, les miens, les nôtre

Papillon

- Les papillons, ça aussi, c’est quelque chose qui nous a manqué.
- Après seulement quatre jours en ville, je t’avoue que je me sentais déjà encore plus oppressée que d’habitude. Quand je mettais le nez dehors, que j’avais une course à faire ou que je devais aller bosser, je prenais le bus et je marchais et je voyais tout ce monde… je ne sais pas trop comment le dire…
- Tu ne ressentais pas ça, avant. Ni au collège, ni au lycée, ni même pendant tes premières années à la FAC. C’est récent. C’est quelque chose qui vient s’ajouter au reste.
- Oui, une autre pierre à l’édifice de mes problèmes.
- Quand tu vois des papillons, tu aimerais être l’un d’eux.
- Ne vivre que peu de temps mais en volant comme ça, sans préoccupation… je n’aurais même pas besoin de parler avec toi.
- Tu me vois comme une gêne, c’est ça ? Pour toi, je suis une preuve que tu ne vas pas bien.
- Oui.
- Ta franchise peut être blessante, tu le sais, n’est-ce pas ?
- Je le sais. J’en ai fait les frais assez souvent. Mais si ça peut te rassurer, tu n’es pas uniquement cette espèce de… preuve. Tu es également l’une des rares choses qui m’aide à tenir le coup. Si je ne t’avais pas, à qui pourrais-je bien parler, dis-moi ?
- Oh, tu trouverais certainement une âme charitable prête à t’écouter.
- Je pensais qu’être dans ma tête te permettrait d’être moins naïf que ça.
- Je m’en fous : je suis un papillon.
- Mais oui, bien sûr…
- Si je suis dans ta tête, pourquoi ne serais-je pas un papillon ? Je peux être tout ce que tu veux. D’ailleurs, je peux même être fictif...
- Arrête. Ne dis pas ça. J’ai besoin que tu sois réel. Je voudrais même que tu sois davantage réel que toutes ces personnes que je croise dans le bus. Je voudrais que tu éclipse leur présence pour que je puisse respirer mieux. Je ne demande pas grand-chose, non ? Alors pourquoi ça ne se réalise jamais ?
- Parce que tu n’es pas assez forte. Je crois que c’est pour cette raison que je suis là. Dans le but de t’aider à redevenir forte. Tu ne seras jamais un papillon. Même enfant, tu n’étais pas un papillon. Je dirais plutôt que tu es une ourse. Il faut simplement que tu ré-apprenne à montrer les dents.